#2 - MA PREMIÈRE POUSSÉE _ 2/3
- Sepasmonchoix
- 11 juin 2021
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 févr. 2023
"J'ai essayé de vivre chaque minute comme si c'était la dernière, au bout de 4 heures à hurler en courant dans tous les sens j'étais crevée..."
Si la 1ère partie ne vous a pas découragée, accrochez-vous pour la suite...

Calmée, mais toujours pas très rassurée, on nous accule dans une chambre avec une grande fenêtre, deux lits et un fauteuil.
Une 3eme infirmière vient me poser quatre patchs anesthésiants dans le dos. Oui, QUATRE patchs, ça vous donne une idée de l’aiguille…
La 2ème infirmière revient avec un bac énorme et me dit qu’il faut faire une prise de sang tout de suite, le temps d’analyser en urgence et on pourra ensuite faire l’examen. Elle me fait assoir, réquisitionne mon bras et commence à me parler de tout et de rien en préparant ses petites affaires. Constatant mon silence éloquent, elle finit par me demander :
« Vous n’aimez pas les prises de sang ? »
Sérieusement, qu’est-ce que c’est que cette question ? Est-ce que quelqu’un sur terre, AIME faire une prise de sang ??? Bref, passons.
Je lui réponds que non et reluquant son bac par-dessus son épaule, je lui demande combien de tubes elle va me prendre. 15. Elle va me prendre 15 tubes de sang, bon dieu! Au bout du 8eme mon cœur cogne si fort dans ma poitrine que je commence à avoir la tête qui tourne. Tant bien que mal, elle finit, et nous laisse seuls dans la chambre sans plus d’informations aucunes.
Je pose mon regard sur Romu qui, debout, me regarde comme si le ciel venait de lui tomber sur la tête. Complètement abasourdi, je crois qu’il vient de réaliser pour de bon où nous sommes, ce qui vient de se passer et ce qui va suivre.
Dans l’effervescence des évènements nous n’avons pas vraiment eu le temps d’appeler nos parents. Romu commence par les miens, qui prévenus succinctement par sms, attendaient à côté du téléphone, très angoissés. L’annonce de la ponction lombaire, qui va arriver sous peu, enfonce le clou. Au bout du téléphone ils essaient de rester forts, mais savent que l’examen sera difficile...
S’en suit mes beaux-parents, Romu les prévient en appelant sa mère qui, elle, n’était pas du tout au courant. Bien qu’il se tourne vers la fenêtre pour ne pas me faire de peine, il finit par craquer en lui expliquant les évènements.
J'entends encore les sanglots dans sa voix. Tout est allé tellement vite, que digérer l’information est au-dessus de nos forces à ce moment là.
Nous attendons et l'angoisse monte petit à petit.
Une heure trente passe, des plateaux repas auxquels nous ne touchons pas, l’estomac noué.
Puis deux internes se présentent et nous expliquent qu’elles vont réaliser la ponction. La plus gradée repart et laisse la seconde me préparer.
S’asseoir sur le lit, courber le dos, enlever les patchs, elle me parle pour me divertir, et quand revient l’interne en chef, Romu doit sortir.

Elle ferme la porte et drôle de coïncidence, je vois Romu par la petite lucarne. Il est assis dans le couloir et ne me quitte pas des yeux, comme pour me transférer tout le courage qu’il peut.
Les internes m’expliquent comment va se dérouler l’examen, et la 1ère explique en même temps à la 2ème, qui apprend. La longueur de l’aiguille, où il faut la placer, comment tâtonner au bon endroit… Quand c’est à vous, que c’est sur le point d’arriver, vous n’avez pas envie d’entendre tout ça croyez moi.
J’envoie un pauvre sourire à Romu et l’interne me demande de me détendre. Facile à dire !
L’aiguille entre. Profondément, très profondément. Et ça fait mal.
Pourquoi mentir ? Ce n’est vraiment pas une partie de plaisir. L’anesthésiant fait son effet, mais quand l’aiguille entre, je suffoque. On dirait qu’on vient de me donner un grand coup sur le thorax, qui bloque ma respiration.
« Respirez » me dit l’interne.
Oui merci, j’essaie.
Pas tout à fait bien positionnée pour prélever le liquide, elle bouge l’aiguille qui est à l’intérieur pour se replacer. J’ai cru que j’allais vomir. Tout mon corps tremblait, et une sueur froide coulait dans mon cou.
« Respirez Madame ».
Oui, respire Maëlys, respire. Une fois le prélèvement réalisé, je prends une profonde inspiration et elle enlève l’aiguille. Une lame de couteau ne m’aurait pas fait plus mal. Bien que rapide, un hoquet de surprise me tort de douleur et me laisse abasourdie, en sueur sur le bout du lit.
Les internes repartent en me demandant d’attendre les 1ers résultats qui arriveront d’ici 1 heure.
Romu reprend sa place à mes côtés, je peux lire la douleur dans ses yeux et sur les traits de son visage. Impossible de me prendre dans ses bras pour le moment, mais l’idée est là. Il m’a vu, à travers la vitre de la porte, il sait.
Il me faut alors trouver une position qui me permet d’attendre sans trop souffrir. A ce moment là, la position assise s'impose à moi, il m’était impossible de bouger.
Je réquisitionne 3 oreillers et Romu me crée sur le lit comme un cocon, pour que je sois bien calée.
Au bout de 30 min, le neurologue, qui vient voir comment s’est passé l’examen, me demande horrifié ce que je fais en position assise. Je lui réponds que c’est la position qui me fait le moins souffrir, sur quoi, il m’ordonne de m’allonger, de le rester et disparait. Sympa… L’infirmière n°2 accourt et m’explique que selon le neurologue, certains imposent la position allongée et d’autres pas. Très bien, donc je m’allonge ou je reste assise ? Je m’allonge, ok.
Les 1ers résultats arrivent environ 1 heure après, indiquant je cite « vous n’avez pas de méningite ». Ah parce que ça pouvait être ça ? Ravie de l’apprendre.
« Vous pouvez rentrer chez vous »
Oui mais… et la suite ?
Le neurologue réapparait et nous indique qu’on ne pourra traiter les symptômes qu’une fois tous les résultats de la ponction arrivés. Ça prendra au moins 15 jours… En attendant, je dois faire une seconde IRM, cérébrale cette fois. Et je dois voir un neurochirurgien pour vérifier que la lésion présente sur mon IRM Médullaire, n’est pas une possible tumeur. Bien. Rassurant…
Les examens suivants
Les 2 semaines qui suivent ne sont que questions sur questions. L’angoisse est omniprésente, elle ravage mes journées, mes nuits, ma santé mentale. Je me sens démunie, et complètement perdue. Au bord du gouffre, j’essaie simplement de passer une journée après l’autre.
Mes parents sont venus, ils voulaient être près de moi et leur présence m’a fait beaucoup de bien. Pourtant loin d’être serins, ils sont bouleversés par ces évènements et ont du mal à tenir, même devant moi. Mais ils voulaient être avec leur fille, et seconder Romu pour qu’il puisse gérer son travail en parallèle (sur ce point-là, merci le confinement qui a fait que Romu était en télétravail).

Durant ces deux semaines, des contractures se sont déclarées dans mes membres inférieurs. Tous mes muscles étaient tendu comme des arcs, il m’était difficile de marcher, car j’avais du mal à ressentir les sensations sous mes pieds, je perdais l’équilibre, obligée de me raccrocher aux murs, chaises et autres meubles.
L’IRM Cérébrale s’est relativement bien passée (si on met de côté la cage qu’on vous met sur la tête, le bruit atroce de la machine et le manipulateur qui m’a charcuté le bras, faisant exploser ma veine et me demandant innocemment de tendre le deuxième…).
Nous avons vu également le neurochirurgien, qui après 2 heures d’attente dans une salle bondée en plein covid, nous accueille dans son bureau, regarde l'IRM et nous dit en 2 minutes que :
« Non ce n’est pas tumoral, vous pouvez rentrer chez vous ».
J’étais profondément soulagée. Mais 2 heures d’attente dans mon état, pour 2 minutes de rendez-vous, sincèrement j’avais les boules.
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